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Le mythe de Dom Juan

Comme beaucoup de mythe, Dom Juan est inspiré de faits réels publiés dans les chroniques de Séville au 17° siècle. Dom Juan Ténorio avait tué le commandeur et séduit sa fille.

Plusieurs artistes s’en sont inspiré (De Tenorio, Molière, Mozart, Byron, Mérimé, Montherlant,…). Si ce mythe a inspiré tant d’artistes, c’est qu’eux même étaient concernés et se sont identifiés au personnage
Dom Juan séduit la fille du commandeur puis la laisse tomber, il ne consomme pas.
Il n’est jamais rassuré, il cherche la sécurité, il cherche sa mère pour survivre car il n’a pas reçu l’écho qu’il attendait de l’amour parental. Il a peur d’être seul, de ne pas avoir ce regard, celui de la mère d’où son comportement hystérique.
Le cynisme de Dom Juan, cette indifférence est une projection de celui de sa mère à son égard et donc il punit la femme séduite, sa mère, en la quittant, il détruit la sorcière.
La mère Fée le nourrit, le protège tandis que la mère Sorcière le punit, le prive et provoque chez l’enfant le besoin de la détruire, ce qu’il fait dans ses rêves provoquant par la même, son premier sentiment de culpabilité car en punissant la sorcière qui lui a fait du mal, il punit la Fée qui le nourrit.
Dom Juan séduit une femme (la Fée) puis l’abandonne, la rejette (la Sorcière)
Le gouverneur représente l’autorité, la règle, c’est le Surmoi personnifié, et donc le seul rival de Dom Juan, c’est Dieu le père. Le père est à la base de notre identité sexuelle. L’absence du père de Dom Juan a perturbé son Œdipe, ses pulsions vers la mère car en absence de rival, il est contraint de lutter contre l’absolu, l’idéal, Dieu.
Dom Juan est un idéaliste, il aide ses congénères, il n’a pas de rivalité avec ses égaux mais avec l’autorité seulement
Dans l’absolu, Dom Juan est un anarchiste, un révolutionnaire car il lutte contre l’autorité jusqu’à la mort, il cherche la confrontation à la règle.

Les Dom Juan sont essentiellement masculins car l’œdipe est une pulsion que l’homme a eu envers une personne avec qui il était en état de fusion, d’où une image confusionnelle entre pulsion et émotion. La femme ne subit pas cette pulsion là, elle va dans l’élément pulsionnel vers le père et peut se révolter contre la règle si cette pulsion n’est pas assouvie d’où élément de rivalité.

Le travail de Dom Juan est un travail de deuil sur la mère et il doit reconnaître que la Fée et la Sorcière ne sont qu’une seule et même personne, sa mère.

Le comportement hystérique de la femme est plus confusionnel, plus ciblé. La séduction est tournée vers la mère, la pulsion vers le père et donc la femme va chercher à séduire tout ce qui bouge si elle a subi une carence affective à la mère et par rapport à l’élément pulsionnel au père.

La nymphomanie (liée à un Œdipe détourné) survient quand le père laisse venir la pulsion de sa fille puis provoque l’interdit, souvent lorsque la rivale (la mère) est absente d’où obsession de la fille qui va multiplier les expériences et va consommer pour compenser, on voit le message d’insatisfaction vis à vis du père.

Dans le film L’homme qui aimait les femmes, la mère montrait une image féminine et inaccessible à son fils qui à partir de là, allait trop aimer les femmes puisqu’il ne pouvait aimer La mère, cette image idéalisée que Truffaut transposait.
Il existe des pathologies préalables au Dom Juanisme, ce sont les puers, ces adolescents éternels au comportement primaire, enfantin qui vont toujours voir ailleurs si l’herbe est plus verte.

Le comportement hystérique est un comportement qui met en danger l’homme et son environnement et au 19° siècle était attribué aux seules femmes. A l’époque l’homme travaillait à l’extérieur, il était disponible pour assouvir ses pulsions tandis que la femme restait à la maison, ne pouvait pas assouvir ses pulsions et pouvait souffrir de neurasthénie pouvant dégénérer en hystéries !
L’homme peut souffrir d’hystérie par refoulement pulsionnel et dans le cas de Dom Juan, il centre, il focalise son comportement autour de ce problème primal. Son cynisme est un refoulement de ses émotions car ça lui a permis, étant enfant, de s’en sortir face à l’absence d’amour maternel.

Pour surmonter son problème, un Dom Juan doit faire ressortir l’image de la mère pour qu’il en fasse son deuil et doit comprendre que la règle peut être un allié et non une rivale.
Ne jamais dire à un enfant, fait pas ça parce que c’est comme ça mais lui expliquer pourquoi afin d’en faire une qualité et non un défaut.
Il faut dépasser le ressentiment vis à vis des parents, avoir de la compassion, vider notre énergie, et ne pas leur faire de procès car plus on les combat en nous, plus on les renforce. Il ne faut pas confondre compassion et culpabilité, le pardon est une force.

S’il y a colère, il faut l’exprimer mais il ne faut pas y rester, il faut vite en sortir car cela ne sert à rien.

Il faut distinguer nos parents intérieurs correspondant à l’image perçue de nos parents réels car on peut modifier ces parents intérieurs pour les adapter à la réalité que l’on avait habillée de nos peurs et rancœurs.

Nos mages intérieures sont vues par nos yeux d’enfants

 

Charme et séduction

Le Charme est un état, il est ressenti par l’autre mais pas par soi contrairement à la séduction qui est un comportement à l’autre, une action dirigée vers l’autre, pour soi.

La séduction peut découler d’une pulsion mais n’est pas pulsionnelle. C’est un mode de communication, un comportement à l’autre qui lui dit, j’ai besoin de toi… La séduction s’élabore au travers de notre relation à l’autre et se détermine lors de notre éducation, lors de la constitution de notre “référentiel relationnel”. Elle met en évidence un besoin, elle n’est ni gratuite, ni spontanée.

Toute relation repose sur l’affect, bon ou mauvais, qui utilise ce référentiel pour l’identification et l’interprétation des goûts et valeurs de l’autre selon nos propres valeurs et goûts. Elle se rapporte directement à la demande, il existe toujours une finalité. Nul besoin d’échanges de paroles pour ressentir l’autre, pour capter ce qu’il diffuse par nos cinq sens qui collectent des milliers d’informations. Tout ceci passe au travers du filtre de nos croyances et nous conservons ce que nous voulons entendre, voir, ressentir.

La séduction consiste à capter l’attention de l’autre, la capturer comme l’indique l’origine latine de séduire (seducere) “conduire à l’écart, retirer la vigilance de l’autre”.

Au 12° siècle, séduire signifiait corrompre puis amener à la faute au 16° siècle. La définition du Robert donne : “gagner quelqu’un en le persuadant, en le touchant, en employant tous les moyens de plaire” ce qui implique une notion de volonté de capturer, d’attirer, de détourner l’autre.

La séduction peut s’apparenter à l’envoûtement, un pouvoir utilisé par les sectes, les gourous qui exploitent ceux qui ont des carences affectives, émotionnelles. Ce lien est à rapprocher de la première relation de séduction qui est celle entre l’enfant et sa mère dont il est entièrement dépendant pour survivre.

Au début la séduction est un moyen de survie puis elle s’élabore à la structuration du Moi par identification à notre environnement, aux modèles que l’on capte et que l’on calque autour de nous, c’est une manière de se présenter, de se montrer, c’est un lien avec l’autre.
Si nous avons une mauvaise image de notre Moi, donc de soi, notre pouvoir de séduction est dévalorisé. Nous séduisons en fonction de cette image de soi qui est un ambassadeur du Moi. Dans ce cas, nous pouvons user de notre charme qui se substitue à la séduction.

L’éducation est une dépersonnalisation de l’enfant, qui est un individu, pour l’inclure et préserver l’intégrité de son groupe. Sa famille lui apprend les règles de vie en collectivité. Elle modifie son Moi idéal jusqu’à parfois, une distanciation complète engendrée par le Surmoi, notre ensemble de croyances. « ex : Je le fais toujours ainsi parce que c’est comme ça qu’il faut le faire! »
Si nous sommes conscients de cette dépersonnalisation, nous pouvons dépasser les limites du Surmoi et empêcher l’émergence de frustrations qui limitent l’accès à nos valeurs de base.

Vis à vis de nos parents, nous sommes la moitié de l’un et la moitié de l’autre plus un petit quelque chose qui nous rend unique, qui nous est propre et qui définit notre valeur en tant qu’individu.
La séduction inconsciente c’est la séduction obsessionnelle. Le Moi a peu d’emprise sur elle mais c’est tout de même un comportement actif qui permet de compenser le manque d’affection de la part des parents.

Comme l’ont démontré différents artistes ou écrivains au physique ingrat mais qui sont reconnus comme séducteurs, là où se trouve notre faiblesse, se trouve notre force et c’est là qu’il faut travailler pour construire notre propre pouvoir de séduction.
La provocation est une forme de séduction, c’est un besoin d’être reconnu, d’exister d’une manière ou d’une autre. Il s’agit de se faire remarquer, d’être reconnu. Qui dit problème de reconnaissance dit problème au père, à l’autorité.
L’artiste (peintre, musicien, sculpteur,…) va au delà des règles, il laisse aller ses pulsions. Il refuse la notion de groupe, c’est un individu, en captation avec lui-même et qui possède un Moi plus développé ou plus obsessionnel, il est proche d’un état narcissique.
Les grands créatifs ont toujours été bannis par le groupe, d’instinct conservateur, jusqu’au moment où leurs mouvements créatifs deviennent des classiques, atteignent un statut de normalité. Ils font alors leurs entrées dans le groupe.

Le charme irradie, la séduction capture