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Le bonheur

Le bonheur, c’est ne rien attendre et tout espérer !…

Cela pourrait sous-entendre que le bonheur est passif, que nous devons attendre, résigné, qu’il fasse son apparition mais il n’en est rien. Cela signifie que le bonheur n’est pas un objectif mais un état, qu’il ne s’atteint pas mais qu’il est.

Mais alors, où se trouve-t-il ?

Nous pouvons ressentir à quel point notre perception influence notre état d’esprit, notre disponibilité et en quoi ce que nous vivons, ce que nous avons vécu peut influencer cette perception. Cette boucle qui tourne en permanence fabrique un voile, celui de nos croyances. Elles filtrent ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous ressentons au travers de son maillage, plus ou moins tissé fin.

Quand nos croyances nous poussent vers un idéal, une quête de ce que nous devons atteindre, de ce qui nous est dû, de ce que nous méritons, alors nous ne sommes pas dans le présent mais dans le futur. Ce futur idéalisé qui n’existe pas, qui n’existera sans doute pas comme nous le souhaitons, un futur qui se berce d’illusions.

Mais ce futur peut aussi être teinté de la peur de reproduire nos schémas nocifs qui s’activent inconsciemment. Ceux-là mêmes qui nous perturbent aujourd’hui comme ils nous ont perturbés hier. Ce futur que nous craignons, chargé du poids de nos angoisses.

Projetés dans le futur en référence au passé, nous sommes soumis à nos croyances, à notre vision déformée de ce qui est, de ce qui devrait être. Nous en oublions que nous ne vivons qu’au présent, ici, maintenant. Nous en oublions de voir ce qui se passe autour de nous, de ressentir ce qui arrive réellement, nous oublions de vivre l’instant présent.

Être dans l’instant présent, c’est « ne rien attendre et tout espérer », cela signifie qu’il ne s’agit pas de désirer mais de profiter, il ne s’agit pas d’avoir mais d’être, il ne s’agit pas d’attendre mais d’être présent, il ne s’agit pas de demander mais de recevoir.

Être dans l’instant présent signifie que nous sommes ouverts, réceptifs pour voir la réalité telle qu’elle est et non plus l’image dont nous la travestissions. Il s’agit de retirer nos œillères pour élargir notre champ de vision, notre capacité d’espérance, notre accueil de ce qui est.

Quand nous avons cessé d’attendre, nous devenons le véritable moteur de notre vie, nous nous sentons libres. Les douleurs qui nous touchent, les contraintes que nous subissons, les contingences matérielles qui nous pénalisent, nous pouvons les appréhender selon nos possibilités et non plus selon nos croyances sur ce que nous méritons et nos jugements de ce qui ne devrait pas être.

Nos besoins ne sont pas nos désirs, ce sont nos désirs qui les animent.

Il ne s’agit pas de résignation mais d’être pragmatique, il ne s’agit plus de tirer des plans sur la comète mais de profiter d’aujourd’hui, sans le remettre à demain, chargé du poids de nos doutes et de nos désirs.

« Demain sera mieux que maintenant » est un déni, une fuite.

Espérer, c’est croire que ce qui est arrivé est ce dont nous avions besoin quand nous l’avons reçu. Ce petit cadeau que nous ne comprenons pas tout de suite et qui pourtant doit nous apporter, nous dire quelque chose d’important. Il nous est destiné et nous avons le choix de le voir dans la lucidité de notre vision, déshabillée de nos croyances.

Le bonheur est la vision vraie de ce qui nous entoure.

©2010 – Michel Schauving