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J’existe par ou pour l’autre ?

“J’existe par l’autre” ou “j’existe pour l’autre” ?

Quand “j’existe par l’autre”, j’attends d’être de la part de l’autre, je suis dépendant d’une autorisation, d’un signe, d’une reconnaissance qui me donne vie par ce lien avec l’autre.
Quand “j’existe pour l’autre”, je m’autorise à être par moi-même, je peux donner et recevoir, être en relation avec l’autre en étant moi-même, sans dépendance.

Passer du lien à la relation implique d’exister indépendamment de l’autre, indépendamment de ce lien qui, s’il est rompu, réveille les peurs d’abandon et de rejet.

Etre en relation, c’est donner sans attendre et recevoir sans crainte. L’autre a le droit de refuser ce qui lui est donner sans que le sentiment de rejet puisse se manifester. L’autre a le droit de recevoir et de ne pas exprimer sa gratitude sans que le sentiment de non reconnaissance ne se manifeste.

Le niveau d’indépendance, et donc de dépendance, ne se mesure pas dans la joie de ce que vous recevez mais dans la douleur de ce que vous ne recevez pas.

La relation est faite d’échanges qui l’enrichissent des échos qu’ils induisent mais qui ne peut être affaiblie de l’absence de réponse à ce qui se produit.

Un enfant, qu’il ait été désiré ou non, existe et nul besoin d’autorisation pour cela. Quand ses besoins vitaux étaient de la responsabilité parentale, la pulsion de vie s’exprimait en tissant des liens de dépendances forts et la pulsion de mort se frayait un chemin dans les peurs qui s’enracinaient auxquelles il fallait s’adapter.

Devenu Adulte, l’enfant trouve sa propre responsabilité à être et combler ses besoins vitaux, quand il a pu dépasser ses peurs, en favorisant sa pulsion de vie dans sa relation à l’autre.
Quand les peurs sont trop fortes, il lui arrive de transmettre sa responsabilité à un substitut parental en maintenant un lien de dépendance et réagissant ainsi à ses pulsions de mort en cherchant Sa protection.

Où se trouve le besoin de l’autorisation parentale, le besoin de l’autre pour exister ?

“J’existe par l’autre”, est une adaptation aux blessures en demandant la reconnaissance protectrice de l’autre.
“J’existe pour l’autre”, est une affirmation d’exister par soi-même avant de partager les désirs pour et de l’autre.

en résumé, “JE SUIS (*) ET JE VIS MES DESIRS” …

*: du verbe “être” et non plus, “suivre” !…  😉

Quand on s’aime, on récolte

Quand on s’aime, on récolte..

Le regard choisit de voir
Le bruit devient chanson
Nos sens au diapason
Franchissent notre miroir

L’autre devient lui même
Au delà de nos envies
Il n’est plus celui
Devant nous dire “je t’aime”

Quand on s’aime, on récolte…

IMG_1611Qui est ce « S »
Qui est ce « ON »
Indéfinissable pronom
Réflexive promesse

Le réel dévoile son visage
Au delà de ce miroir
Qui nous faisait croire
Au reflet de notre image

Quand on s’aime, on récolte…

La confiance se vit
Dans chacun de nos choix
Nourrit l’estime de soi
Cette énergie de vie

Notre nature s’éveille
Cultive ses graines d’amour
Pour les semer, jour après jour
Par notre joie, notre réveil

Quand on s’aime, on récolte…

Au cœur de nos jardins
S’éveillent dix mille fleurs
Tous ces petits bonheurs
Sous la rosée des chagrins

Choisir dans chaque moment
De voir tout ce qui est
Au-delà de nos pensées
Goûter l’instant présent

Quand on s’aime, on récolte…

Dix mille petits bonheursIMG_1608
Quand nous les partageons
Nourrissent bien d’autres «ON»
Qui vibrent dans nos cœurs

L’amour par ses sourires
Nous fait pousser des ailes
Nous faisant ressentir
Comment la vie est belle…

Quand on s’aime, on récolte…

Michel Schauving

Attachement et liberté, du besoin aux désirs…

L’expérience est indispensable en relation humaine, elle mène à la maturité, à la connaissance de soi. Dans un rapport humain, on agit en fonction de son schéma parental et des comportements adaptatifs intégrés dans notre éducation comme étant la réalité.

Le schéma de sécurité primale, qui se référe à la petite enfance, montre une peur de l’abandon, de l’insécurité. On cherche à élucider un problème que l’on ne peut résourdre, un besoin instinctif de survivre sans conscience de ce besoin… On demande à l’autre une sécurité pour évacuer cette peur ancestrale. Cela implique un sentiment de dépendance vis à vis de la Mère nourricière pour répondre au besoin viscéral de survie.

Dans une relation d’adultes, le schéma “satisfaction de nos désirs” implique un besoin de l’autre mais pas une dépendance et amène un schéma parent-enfant par alternance mais avec toujours un dominant (le parent est un enfant caché qui demande beaucoup).
Le schéma de besoin est différent du schéma de désir car la fonction de besoin est inhérente au fonctionnement de la personne et s’arrête quand le besoin est comblé. Une mère qui couve trop son enfant va créer des besoins mais pas des désirs et donc des dépendances. On peut vivre si nos désirs ne sont pas satisfaits, on les cultive mais on ne peut pas vivre si nos besoins ne sont pas satisfaits, il y a une réelle domination de celui qui est soumis à ses besoins.
Trop de satisfactions des besoins annihilent l’émergence du désir, celui-ci vient du manque et amène la création, l’énergie, l’envie. La mère représente l’affectif tandis que le père représente la reconnaissance.

L’Adulte a des désirs, l’Enfant a des besoins au sein de sa tribu mais va assouvir ses désirs en dehors par instinct de sauvegarde qui l’empêche de désirer celui qui répond à ses besoins. Le désir disparaît lorsqu’il est assouvit mais réapparait rapidement, c’est un cycle qui s’anime en permanence. L’enfant doit passer du stade des besoins à celui des désirs sinon cela laisse supposer un schéma de castration qui provoquera des troubles chez l’adulte en devenir.
Le désir est une élaboration du parent qui fait l’apprentissage de l’enfant par frustration et interdit (éducation).
Le besoin ne fait pas émerger de pulsion, le désir, oui…

L’adolescent se positionne face au schéma parental par besoin de s’affirmer, besoin d’indépendance, prise de conscience de ce que l’on est par différenciation. La période adolescente est l’occasion de s’affirmer et donc, permet la création du désir, la recherche du Moi, l’identification à l’extérieur par refus de l’identification intérieure (la famille), cela mène à la recherche d’idéal, d’absolu. Par instinct grégaire, il va chercher une autre tribu que sa famille avant que, plus tard, il ne fonde sa propre tribu.
Le désir + l’idéal = sentiment à l’autre même s’il n’y a pas de retour car on s’identifie au sentiment que l’on a et pas à l’autre, l’important étant ce qui est ressenti. La survie n’est plus un problème, l’essentiel est son identification au travers de son sentiment, c’est l’identification narcissique.

La révolte adolescente est indispensable à la structuration, aux prémisses du Moi, il faut “tuer” les parents, c’est indispensable pour ne pas rester dépendant. Un adolescent qui saute cette étape ne pourra pas effectuer l’individuation et devra un jour franchir cette étape s’il veut entreprendre la structuration de son Moi.

Plus tard, la personne prend conscience de ses désirs et va partager ce qu’elle connaît. L’enfant comme l’adolescent qui commence son identification ne connaît pas ses désirs. Le début du choix implique la liberté, la délibération avec soi-même, choix + responsabilité = individuation.

But: être différent pour être libre mais par forcément faire le contraire; être créatif, inventif, quelque chose en plus de l’original sans trop s’en éloigner pour ne pas perdre ses références intérieures.
Etre dans une histoire choisie en toute responsabilité, quand on connaît sa problématique, on sait évoluer.
Le désir fleurit mais la possession flétrit toutes choses (Proust)

Faut-il donc oublier qui l’on est pour devenir quelqu’un ?

L’éducation, exigence ou présence ?

Avant de devenir lui-même, un enfant est le prolongement de ses parents. Par son éducation, il s’imbibe de leurs attentes et de leurs craintes, de leurs défauts et de leurs projections.

Il se nourrit de tout cela pour devenir, mais si cet édifice parental n’est pas stable, pas structuré comment l’enfant pourrait-il se forger une identité stable et structurée ?
Les problèmes de l’enfant étant souvent les conséquences de son environnement, ne chercher à les résoudre qu’en se polarisant sur eux, c’est oublier les causes. C’est considérer que l’enfant est seul “responsable”.
Il est souvent difficile de voir la réalité de la situation telle qu’elle est. Cette vision de la réalité, aussi déstabilisante qu’elle soit, ne doit pas être considérée comme un jugement négatif, un échec mais simplement comme une situation, comme une information à prendre en considération pour que les choses puissent évoluer pour le bien de tous.
Il ne s’agit pas de stigmatiser tel ou tel mais juste de prendre conscience de ce qui se passe et que chacun puisse prendre sa place. Il s’agit que l’enfant puisse s’épanouir dans un climat apaisé et de confiance réciproque. Comme ses parents, l’enfant a besoin de se sentir soutenu et non jugé, il a besoin d’être considéré et non dévalorisé, il a besoin d’exister aux yeux de ses parents comme ses parents existent au travers son regard.

Il n’y a pas de cas difficile, il n’y a que des situations difficiles, des situations à pacifier.

éduquer un enfant

              quand l’enfant grandit…

Mêmes les parents les plus compréhensifs et les plus attentionnés peuvent envoyer des messages contradictoires à leurs enfants.
D’un côté, ils leur disent toute la bienveillance qui est la leur, il l’autorise à se tromper, à faire ses propres expériences, à tirer profit de ses erreurs. Par contre, au quotidien, ils s’interdisent à eux-mêmes toutes ces tolérances qu’ils voudraient autoriser à leur enfant ; Ils veulent et parfois, ils pensent devoir être parfaits, forts, indépendants, brillants, infaillibles. Que de pression !… mais où prend-elle sa source, quelle en est la motivation ?
L’enfant qui grandit par mimétisme, entend les autorisations verbales mais ressent les interdictions non verbales.
Il prend conscience de tous ces interdits que se fixent ses parents.
Cette prise de conscience s’impose au mental de l’enfant qui essaie en vain, d’enregistrer les messages permissifs délivrés par ses parents.

“Fais ce que je dis pas ce que je fais”, mais “l’enfant devient ce qu’il ressent, pas ce qu’il entend”

L’éducation, ce n’est pas apprendre, c’est développer les capacités d’apprendre, de réfléchir, de ressentir. L’éducation offre la liberté de choisir ce qui nous convient et nul ne peut savoir ce que l’enfant fera plus tard, des situations qu’il vit aujourd’hui.
Cela veut dire qu’il n’y a pas une seule réponse valable, une seule bonne manière d’élever un enfant, cela veut dire que l’enfant fera sien, les ressources qu’il tirera de chaque expérience vécue.
Culpabiliser sur son incapacité à bien élever son enfant, c’est se projeter dans un avenir qui n’existe pas, c’est oublier que l’enfant se construit de tout ce qu’il vit, en intégrant ou en rejetant ses émotions, en se forgeant des réponses les mieux adaptées aux situations vécues.
Culpabiliser, c’est juger ses propres contradictions.

L’éducation est l’oeuvre de toute une vie et ne s’arrête pas à la sortie de l’école. “Apprends moi et tu seras” peux dire l’enfant à ses parents qui, jour après jour, perçoivent des parcelles sans cesse renouveler de leurs croyances, de leurs a priori.

Un jour, grâce à leurs enfants, les parents s’aperçoivent qu’eux-mêmes, ils sont devenus grands …

Les autres changent en même temps que notre regard sur eux …

 

La Sophrologie

La Sophrologie

But : Par la sophrologie, harmoniser et calmer les pensées et les émotions par des techniques de relaxation simples et dynamiques.

Respiration et émotion

La respiration est l’outil privilégié qui nous permet de prendre conscience des différents états de conscience puis des différents corps qui nous composent.

L’activité physique et les états émotionnels sont en correspondance étroite avec la respiration.

Au niveau physiologique on retrouve cette correspondance dans les trois parties du cerveau qui se seraient superposées au fil de l’évolution:

cerveaux-2Cerveau reptilien: Il gère les comportements, les instincts de survie, de possession et de groupe
Cerveau limbique: Il gère nos comportements en société, les différents rituels, la vie émotionnelle
Néocortex: C’est le lieu du langage, de la pensée, de la visualisation, de l’anticipation d’actions, de la conscience de «Moi – Je»

De la même manière il y a trois sortes de respiration :

La respiration automatique (reptilienne)
La respiration sous le coup d’une émotion (limbique)
La respiration en conscience (néocortex)

La respiration consciente permet un travail sur le cerveau, le cœur et le ventre.
La respiration est donc la base de la détente psycho corporelle.

Respiration et conscience de Soi

Les tensions, chocs, émotions refoulées, croyances se logent dans la ligne frontale de notre corps et forment avec le temps une contraction permanente qui nous empêche de respirer pleinement.

Cette faible capacité respiratoire nous permet de peu ressentir ce qui se passe en nous. Ceci représente un bénéfice secondaire inconscient important car que se passerait-il si nous étions capables de ressentir tout ce qui se passe en nous ? Nos tensions, contractions, émotions, douleurs ?
Qui serions-nous dans cet état de conscience ?

Respirer, c’est s’agrandir

Respirer plus amplement et bailler sans retenue permet de se libérer de vieilles tensions (cuirasses psycho-émotionnelles)

Qui respire ?

Question fondamentale pour sortir de l’illusion de la toute puissance de l’Ego

« Est-ce que c’est vous qui respirez ou bien êtes-vous respiré ? »

La respiration : porte d’entrée de la relaxation

Etre à l’écoute du corps et de la respiration permet à la ronde des pensées de se calmer.

Le cerveau ne peut penser et sentir en conscience en même temps.

La Relaxation

La relaxation vise principalement à obtenir un repos efficace et récupérateur, à retrouver et maintenir l’équilibre entre le corps et l’esprit pour parvenir à un état minimal de tension.

La nouveauté

Quand nous pouvons ressentir les émotions qui nous habitent, quand nous pouvons les relier à nos blessures d’enfance, nos manques, nos croyances, nos attentes, alors nous pouvons établir une distanciation, une séparation entre ces différentes facettes.

Nous pouvons vivre les émotions telles qu’elles se manifestent dans l’instant présent sans les raccorder à notre histoire, à notre passé anxiogène, à notre futur idéalisé, juste être ici, maintenant. La nouveauté est la capacité à se surprendre par ses propres émotions, les voir venir, les ressentir comme s’il s’agissait de la première fois. Elles sont libres de toute pression de nos croyances, elles ne pèsent que le poids de l’instant présent, de cette bulle qui remonte à la surface de la conscience et qui nous donne la satisfaction du ressenti.

Dépouiller de nos croyances, de notre quête d’idéal, de nos comparaisons, de nos jugements, les sensations que nous ressentons deviennent véritables, en adéquation avec ce que nous vivons et non plus avec ce que nous aurions voulu vivre.

Quand nous avons retiré nos œillères, nous pouvons voir tout ce qui se présente à nous et non plus le spectre réduit de nos illusions, nous pouvons développer l’intuition de ce qui nous correspond, de ce qui nous convient sans chercher à combler les manques de notre histoire.

Chercher le Graal n’est plus le moteur de notre quête, nous n’avons plus besoin de demander l’impossible mais juste de profiter du possible pour s’apercevoir que là, réside ce dont nous avions véritablement besoin.

Le futur se construit maintenant dans l’accueil de ce qui est, sans résignation mais avec un observateur conscient de la réalité des choses.

©2010 – Michel Schauving

Jugement et comparaison

Se positionner vis à vis de l’autre est parfois chose compliquée du fait de nos perturbations respectives. L’image que nous avons de nous dépend des messages qui nous ont été martelés pour faire de nous, celui que nos parents souhaitaient, consciemment ou non.

Pour ce faire, nous avons dû enfouir certains traits de caractères, nous avons subi des interdictions et intégrer des obligations qui nous contraignent aujourd’hui dans ce rôle choisi pour nous.

Nous nous sommes adaptés à la situation familiale et sociétale dans laquelle nous avons grandi, cachés derrière nos masques, nous nous sommes conformés aux modèles compatibles pour être reconnu, accepté, désiré et aimé.

masques2

Ces éléments qui nous constituent vivent en nous. Qu’ils soient positifs ou négatifs, autorisés, interdits ou enfouis ils constituent des indicateurs primordiaux dans notre échelle de valeurs, celle-là même que nous utilisons pour estimer l’autre. L’autre n’existe pas pour ce qu’il est mais ce qu’il représente selon nos propres critères. Nous avons notre check-list et nous vérifions inconsciemment, critère par critère, comment il se situe, pour au final, faire la moyenne et le juger apte ou non.

Nous n’avons pas conscience de ce mécanisme et pourtant il se met en œuvre dans toutes nos relations. Nous le voyons dans les jugements que nous portons sur les autres, ceux qui s’autorisent ce que nous nous interdisons.

Il nous parait normal d’agir en tenant compte des autres, il s’agit d’une règle de vie en société, un principe que nous avons intégré mais dans l’exemple d’un sans-gêne, qu’est-ce qui nous perturbe le plus, son attitude ou le refoulement de notre liberté d’être sans-gêne ?

Si je vois l’autre transgresser cette règle qui est mienne, ce principe, cette valeur à laquelle je suis attaché, quelles sont les possibilités qui s’offrent à moi ?

    • La colère m’envahit et je l’insulte
    • La colère m’envahit et je fais comme lui pour lui montrer
    • La colère m’envahit mais je sais garder mon contrôle
    • La colère m’envahit, je dois aller ailleurs sinon j’explose
    • Je suis agacé et je lui dis que ça ne se fait pas
    • Je suis agacé, je respire et passe à autre chose
    • J’observe et je lui fais remarquer ce qu’il fait
    • J’observe et lui explique comment faire autrement
    • J’observe et je lui indique la nuisance occasionnée
    • J’observe sans réaction émotionnelle
    • Je vois

Voici quelques réponses non exhaustives auxquelles vous pourriez ajouter les vôtres. Au travers de celles-ci, nous constatons que l’autre existe et que notre réaction vient de nous, pas de l’autre. Si cinq personnes dans la même situation, réagissent différemment, cela signifie que la réaction que nous avons dépend de nous. Nous dépensons alors beaucoup d’énergie à combattre cette réaction ou affronter l’autre dans son sans-gêne affiché.

Quand nous utilisons des comparaisons comme, « moi, je ne fais jamais comme ça ! »,   « moi, je fais toujours comme ça ! » ou bien « avant, c’était bien différent », nous utilisons des formules préprogrammées qui nous positionnent dans notre histoire, dans nos croyances. Par la place que nous concédons à l’autre, nous nous référons à notre histoire, nos conditionnements, nos valeurs.

 

Plus nous avons enfoui en nous un trait de caractère, plus la colère sera importante de voir l’autre user de ce trait de caractère refoulé. Avoir conscience de nos refoulements nous permet de leur retirer leurs capacités énergivores. Nous pouvons les voir émerger quand la situation se présente, nous pouvons les observer et choisir d’agir avec une présence plus convaincante vis-à-vis de l’autre.

L’autre devient lui, débarrassé de nos projections sur lui

©2010 – Michel Schauving

difficulté à dire “je t’aime”

Comme l’évoque cette chanson de Louis Chédid, où se situe la difficulté à dire “je t’aime”

En quoi ces trois petits mots peuvent-ils provoquer tant de blocages, le chanteur parle de pudeur, mais que recouvre ce mot?
Cela rime avec peur, la peur de gêner l’autre comme le suggère L.Chédid mais que trouvons-nous derrière cette peur ?



Nos gestes, nos paroles parlent avant tout de nous, il s’agit donc de ramener cette difficulté d’exprimer ses sentiments à ce que cela nous indique sur notre perception du “je t’aime”.

Exprimer ses sentiments, c’est se dévoiler pour partager, pour donner et pour recevoir. Il s’agit d’établir une relation émotionnelle avec l’autre allant de l’amitié à l’amour passionné en passant par l’affection familliale. Les trois destinataires de cet échange sont l’autre, soi et la relation.

Pour l’autre, recevoir ce cadeau d’amour déclaré, c’est se positionner vis à vis de celui-ci. Cela revient à placer son curseur, sa focale sur le niveau qu’il juge compatible avec sa situation, ses propres critères, ses propres ressentis et ses désirs. Tout cela, celui qui se déclare ne peut en avoir conscience, c’est un autre monde, c’est le monde de l’autre, son univers qui nous est étranger. Nous sommes face à l’inconnu, face aux peurs de ne pas pouvoir y faire face, de décevoir, ne pas être à la hauteur.

Tout cela impressionne, aussi bien celui qui se déclare que celui qui reçoit, et donc, limite l’expression spontanée de nos sentiments.

Pour soi, donner ce cadeau, cela signifie que l’autre est considéré comme en mesure de le recevoir, d’accepter ce message.

Cela sous-entend qu’il devrait être réceptif et nous retourner ce que nous attendons. Mais l’autre peut-il connaître les désirs profonds de celui qui se déclare, peut-il s’intégrer dans cette histoire qui l’invite et le met également face à sa propre histoire, face à ses propres capacités à répondre à cette sollicitation qui le flatte et qui l’effraie. Ne risque-t’il pas de confondre “être par l’autre” et “être pour l’autre” ?

La relation, qu’elle qu’en soit la forme, c’est la suite attendue ou refusée de cette déclaration. Cela signifie un engagement, une réciprocité entre deux personnes, chacune revêtue des doutes et des peurs qui les inhibent ou des désirs et des espoirs qui les transcendent. Cette rencontre de deux histoires, de deux vies, c’est la rencontre de blessures qui s’opposent ou qui se complètent. C’est trouver des réponses à des problèmes qui habitent chacune des histoires, c’est donner pour recevoir, c’est recevoir pour donner, c’est échanger et trouver un équilibre entre soi et l’autre.

Quand la réponse à une déclaration est “jugée” insuffisante, cela peut réveiller une blessure d’enfance, ne pas être accepté, ne pas être à sa place, ne pas être à la hauteur des espérances de l’autre et donc se sentir dévalorisé, rejeté.

Accepter sur l’impression que l’on donne et qui parle de notre image, de notre égo, pas de nous, c’est accepter par le sentiment d’être flatté, c’est fuir le réel pour un monde imaginaire, bercé d’illusion.

Accepter sur la base de notre propre ressenti sur l’autre, c’est avoir confiance en soi, accepter son imperfection comme celle de l’autre afin de construire une relation d’accueil de ce qui est, la plus épanouie possible.

Ces trois petits mots sont donc chargés d’histoires qui les rendent lourds de sens, difficiles à prononcer car ils engagent notre image, notre confiance en nous. Certains, très à l’aise avec leurs images, prononcerons ces trois petits mots avec aisance car ils vont flatter leurs propres images. La confiance qui est la leur ne dépend pas de l’autre, elle est en eux. Ils ne doutent pas de l’impression qu’ils font sur l’autre, celle-ci ne semble pas pouvoir entacher leurs propres certitudes.

Quand notre image a perdu de son importance au profit de ce que nous sommes vraiment, nous retrouvons la liberté d’exprimer nos sentiments sans attendre de retour particulier. S’autoriser à dire “je t’aime”, c’est faire connaître à l’autre l’importance que nous lui donnons, c’est lui permettre de recevoir la satisfaction qui peut être la notre quand nous recevons ces trois petits mots.

Reste la gradation que nous mettons dans ces trois petits mots et qui peuvent mener à des ambiguïtés que nous levons par l’ajout de qualificatifs. “Je t’aime un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout” … souvenir d’enfance pudique quand nous expérimentions face à une marguerite, cette échelle de la relation à l’autre, à nous…

Aujourd’hui notre palette s’est étendue, les nuances sont multiples, mais le besoin est le même, donner et recevoir de l’amour, être en lien avec l’autre, en relation.

Quand pouvoir dire “je t’aime” est devenu naturel, que nous pouvons nous autoriser à le dire et à l’entendre pour ce qu’il est, sans rien attendre, nous pouvons apprécier la sensation qui nous pénètre et nous charger de l’émotion qui nous envahit.

Et quand parfois, les deux focales sont au diapason, une nouvelle histoire se met alors à vibrer d’une douce chaleur… quoi de plus beau ?

Peut-on dire “je t’aime” sans commencer à s’aimer soi-même ?

 ©2010 – Michel Schauving

Influence des blessures d’enfance dans nos relations

Dans les rencontres que nous faisons, nous observons, percevons, admirons, jugeons, critiquons, jalousons, envions mais quand nous regardons de plus près toutes ces pensées qui nous traversent, de qui parlent-elles ?

Nous pouvons commencer à ressentir à quel point nos croyances, sur ce qui doit être, influencent notre perception de l’autre. Nous pouvons apercevoir les projections et les transferts que nous faisons, toutes ces interprétations de nos désirs, de nos craintes que nous matérialisons sur l’autre. Il devient le personnage d’un film dont il n’a pas encore conscience et ceci, bien avant les premiers échanges verbaux. L’autre n’est pas, il devient ce que nous imaginons, voulons. Il est ce que nous projetons de notre histoire.

Les blessures contacts que nous avons intégrées enfant, comme le rejet, l’abandon, la trahison, l’humiliation ou l’injustice, nous espérons inconsciemment que l’autre puisse les compenser. Il ne peut les guérir car n’en ayant pas conscience, nous ne pouvons pas imaginer qu’une guérison soit possible. Ce qui se joue là, c’est un comportement qui est dépendant de ces blessures, nous ne sommes pas nous-mêmes mais uniquement le résultat de l’image qui s’est adaptée à ces blessures. Pour conserver l’amour parental, nous avons dû intégrer ces blessures comme un fonctionnement naturel. Dans nos relations, se rejouent cette même dépendance ou adaptation au schéma parental et aux blessures associées. Quand une relation commence, un équilibre et un mode de fonctionnement adapté va commencer à s’établir selon ces différentes blessures.

Pour la blessure de rejet, il peut y avoir beaucoup d’hésitation à aller vers l’autre de peur de ne pas correspondre à ses attentes, ne pas être à la hauteur, déplaire. Une exigence inhibante s’installe. Il va falloir paraître idéal aux yeux de l’autre pour être accepté, faire des concessions et refouler ses propres désirs au profit de ce non-rejet. Etre en retrait, prudent et ne pas tout dire, ne pas froisser.

Pour la blessure d’abandon, il va falloir être adopté et fusionné pour tisser un lien fort, indestructible et sécurisant. Ne pas être abandonné c’est avoir un rôle suffisamment important pour garder sa place. C’est se rendre indispensable à l’autre pour rester, ne pas être exclu. Une atmosphère lourde peut s’installer si l’un se sent totalement dépendant et que l’autre se sent exploité dans ce rôle protecteur qu’il a lui-même choisi.

Pour la blessure de trahison, le comportement sera plus possessif car la confiance est difficile à donner. Elle semble vitale car une relation ne peut s’établir que sur cette confiance, cette fidélité. Ce climat de suspicion rend la relation compliquée et source de malentendus. Il est alors difficile d’être naturel car cette blessure implique des non-dits, des mensonges par omission pour ne pas impacter l’autre, ne pas être impacté.

Pour la blessure d’humiliation, la crainte que cela recommence va rendre très prudent, va amoindrir les sensations pour ne pas s’exposer, se montrer, se livrer. Tout sera dans la mesure, ne pas faire de vague, ne pas être vu, ne pas être jugé. L’opinion de l’autre a tellement d’importance que cela va induire un comportement très effacé pour ne pas donner de prise aux critiques.

Pour la blessure d’injustice, il sera nécessaire de recevoir des signes de satisfaction pour engranger ce sentiment de reconnaissance, de valeur qui a tant fait défaut dans l’enfance. Il va donc s’agir de faire plaisir, d’être dévoué et de montrer une image valorisée selon les critères de l’autre. Il va falloir être à la hauteur des espérances de l’autre avec la peur de ne pas le satisfaire.

La rencontre, une valse à trois temps

On croise des gens par hasard mais la rencontre, elle, n’est pas due au hasard mais est provoquée par l’affectif, l’émotion par nos chaines mémorielles qui s’activent.

Elles modifient notre vision de l’autre, une rencontre, c’est la rencontre de deux histoires, de deux énergies, de quatre énergies.

Nos comportements sont basés ces trois piliers fondamentaux :

  • Le Père mythique: il apporte la pulsion, l’énergie positive, le besoin d’action
  • La Mère mythique: elle apporte l’affectif, la sécurité nourricière, l’instinct de survie
  • Le Couple mythique: c’est la référence que l’enfant construit à partir de sa relation parentale

S’il y a absence d’un parent, l’enfant va le chercher dans un parent de substitution car il a besoin de cette référence, d’une identification pour construire son propre Moi.
Si l’enfant doute de la protection parentale, il va développer une peur et sera dépendant de l’extérieur. Il cherchera l’appartenance au groupe pour se rassurer, pour subsister. Il cherchera une image qui le rendra aimable, accepté, reconnu, unique, image qui le valorisera.
Si l’enfant ne reproduit pas son schéma parental, c’est qu’il cherche son identification et qu’il a déjà atteint un certain niveau de conscience
Celui qui reproduit son schéma parental cherche le couple “idéal”, illusion de son image du couple mythique. Quête inatteignable qui provoquera des relations courtes et répétitives.
Une situation idéale est toujours mal vécue car nous la recherchons sans être capable de l’assumer. Cela engendre des relations problématiques, alimentées en malentendus et de courtes durées.
Le parent de sexe opposé représente l’idéal alors que le parent de même sexe représente le rival et provoque l’interdit
Avant le couple était une obligation, aujourd’hui il s’agit d’un désir, d’une relation consentie, son équilibre est donc plus fragile.

L’état d’une relation est fonction de l’état de l’évolution personnelle

Trois stades par lequel nous devons passer dans cette évolution

  • disparition du Je au profit du Moi, l’individu disparaît au profit du groupe, « je m’identifie … »
  • le Moi disparaît au profit de l’être, « je deviens … »
  • dissolution de l’être au profit du Je, « je suis … »

De même, une relation amoureuse passe par les trois stades suivants

  • amour aveugle: quand nos projections viennent du fond de notre histoire et nous transcendent
  • désillusion: quand la réalité reprend le dessus
  • amour lucide: L’idéal devient illusoire, détrôné par le réel

Il faut avoir conscience de la désillusion pour en tirer profit; elle est obligatoire pour savoir qui nous sommes. Ce n’est pas le talent qui fait bouger, mais la résistance, le frein.
Si l’émotion l’emporte sur l’affectif, quand on dit “Je t’aime”, on dit “j’ai besoin de toi”

Toute la vie nous remplissons notre catalogue d’identification, nous remplissons nos systèmes mémoriels, nos références à partir de nos expériences, de nos rencontres selon nos 3 critères mythiques.
Lors d’une rencontre, nous transférons une image de ce catalogue sur l’autre, l’autre passe dans notre histoire (transfert) puis nous habillons cette image en fonction de nos désirs (projection). L’autre devient le héros d’un film dont il n’a pas encore conscience et ceci, bien avant les premiers échanges verbaux.

Le problème survient quand l’image émise ne correspond pas à la réalité, quand nous n’aimons pas ce que nous sommes. L’autre nous a déjà identifié et il se trompe rarement d’où un déphasage flagrant et une relation vouée à l’échec.
La seule réalité qui existe, c’est la réalité individuelle, c’est à dire que nous sommes avec l’autre comme avec soi-même. Si nous voulons limiter, contrôler le transfert, nous limitons le désir.

Il n’y a pas d’émotion sans pulsion sinon il ne s’agit pas de désir mais de reconnaissance tout comme il n’y a pas de pulsions sans émotion mais des pulsions avec des émotions refoulées par la peur. Un objet jugé trop inaccessible peut accroître le désir à un niveau tel qu’il en devient inhibant.

  • Dom Juan montre un refoulement pulsionnel. Il séduit mais ne consomme pas, avec le but de punir sa mère car il a subit des carences émotionnelles dans son enfance.
  • Casanova montre un pulsionnel qui est sujet au refoulement émotionnel. Il consomme mais enfouit ses ressentis.
  • Artemis fait preuve de refoulement émotionnel En tuant tout homme qui la regarde, elle détruit ses émotions

L’amour et l’indépendance amène à l’indispensable