Archives de catégorie : Communication

Jugement et comparaison

Se positionner vis à vis de l’autre est parfois chose compliquée du fait de nos perturbations respectives. L’image que nous avons de nous dépend des messages qui nous ont été martelés pour faire de nous, celui que nos parents souhaitaient, consciemment ou non.

Pour ce faire, nous avons dû enfouir certains traits de caractères, nous avons subi des interdictions et intégrer des obligations qui nous contraignent aujourd’hui dans ce rôle choisi pour nous.

Nous nous sommes adaptés à la situation familiale et sociétale dans laquelle nous avons grandi, cachés derrière nos masques, nous nous sommes conformés aux modèles compatibles pour être reconnu, accepté, désiré et aimé.

masques2

Ces éléments qui nous constituent vivent en nous. Qu’ils soient positifs ou négatifs, autorisés, interdits ou enfouis ils constituent des indicateurs primordiaux dans notre échelle de valeurs, celle-là même que nous utilisons pour estimer l’autre. L’autre n’existe pas pour ce qu’il est mais ce qu’il représente selon nos propres critères. Nous avons notre check-list et nous vérifions inconsciemment, critère par critère, comment il se situe, pour au final, faire la moyenne et le juger apte ou non.

Nous n’avons pas conscience de ce mécanisme et pourtant il se met en œuvre dans toutes nos relations. Nous le voyons dans les jugements que nous portons sur les autres, ceux qui s’autorisent ce que nous nous interdisons.

Il nous parait normal d’agir en tenant compte des autres, il s’agit d’une règle de vie en société, un principe que nous avons intégré mais dans l’exemple d’un sans-gêne, qu’est-ce qui nous perturbe le plus, son attitude ou le refoulement de notre liberté d’être sans-gêne ?

Si je vois l’autre transgresser cette règle qui est mienne, ce principe, cette valeur à laquelle je suis attaché, quelles sont les possibilités qui s’offrent à moi ?

    • La colère m’envahit et je l’insulte
    • La colère m’envahit et je fais comme lui pour lui montrer
    • La colère m’envahit mais je sais garder mon contrôle
    • La colère m’envahit, je dois aller ailleurs sinon j’explose
    • Je suis agacé et je lui dis que ça ne se fait pas
    • Je suis agacé, je respire et passe à autre chose
    • J’observe et je lui fais remarquer ce qu’il fait
    • J’observe et lui explique comment faire autrement
    • J’observe et je lui indique la nuisance occasionnée
    • J’observe sans réaction émotionnelle
    • Je vois

Voici quelques réponses non exhaustives auxquelles vous pourriez ajouter les vôtres. Au travers de celles-ci, nous constatons que l’autre existe et que notre réaction vient de nous, pas de l’autre. Si cinq personnes dans la même situation, réagissent différemment, cela signifie que la réaction que nous avons dépend de nous. Nous dépensons alors beaucoup d’énergie à combattre cette réaction ou affronter l’autre dans son sans-gêne affiché.

Quand nous utilisons des comparaisons comme, « moi, je ne fais jamais comme ça ! »,   « moi, je fais toujours comme ça ! » ou bien « avant, c’était bien différent », nous utilisons des formules préprogrammées qui nous positionnent dans notre histoire, dans nos croyances. Par la place que nous concédons à l’autre, nous nous référons à notre histoire, nos conditionnements, nos valeurs.

 

Plus nous avons enfoui en nous un trait de caractère, plus la colère sera importante de voir l’autre user de ce trait de caractère refoulé. Avoir conscience de nos refoulements nous permet de leur retirer leurs capacités énergivores. Nous pouvons les voir émerger quand la situation se présente, nous pouvons les observer et choisir d’agir avec une présence plus convaincante vis-à-vis de l’autre.

L’autre devient lui, débarrassé de nos projections sur lui

©2010 – Michel Schauving

Le mille-feuille des émotions…

Comme le cerveau, qui a conservé dans sa construction, les trois strates majeures de l’évolution de notre espèce, le registre des émotions a également subi cette même adaptation à trois niveaux.

La préoccupation principale d’une espèce est de vivre et survivre, c’est-à-dire maintenir son intégrité physique pour se reproduire et assurer une préservation de l’espèce.

Vivre, c’est se donner la capacité de maintenir notre corps dans un état compatible avec notre fonction de reproduction.
Survivre, c’est vivre au delà de soi, c’est assurer un renouvellement de l’espèce par la procréation.

En faisant un parallèle entre l’évolution des espèces et la formation d’un individu, physique et psychologique, je vous propose une analyse de ce qui anime nos actes, génère nos émotions et construit nos pensées.

dinosaure© Muséum d’Histoire Naturelle – Christian Jégou

Au stade primaire, il s’agit de se reproduire à la période la plus propice pour cela, c’est-à-dire lorsque les conditions de l’environnement sont les plus favorables à la survie de la progéniture. Cela se traduit par la recherche du climat adapté, de l’abondance de nourriture, de l’éloignement des prédateurs mais aussi par des stratagèmes mis en place pour cacher, camoufler les œufs en incubation. Ces conditions sont plus propices dans certains lieux ou à certaines époques de l’année d’où les phases de reproduction qui se concentrent sur une période rapprochée, dans des lieux précis et reconduits d’année en année en fonctions des espèces.

Nous remarquons souvent le dépôt et l’abandon des œufs dans leurs environnements, sécurisés au mieux, et le détachement des géniteurs qui repartent en quête de subsistances pour continuer à vivre. Il n’y a pas d’attachement à la descendance mais uniquement le devoir accompli sans aucune décision consciente. Il ne s’agit pas encore d’émotion, mais d’instinct. C’est ainsi que cela doit se faire maintenant car demain n’existe pas…

A la seconde strate, celle de l’appartenance au groupe, de la relation à l’autre, la sphère émotionnelle s’est invitée en intégrant la notion de besoin dans l’échange sexuel instinctif. Il s’agit de se reproduire mais aussi que les nouveaux nés soient bien portants, puissent se développer, grandir et prendre la relève. Par des signaux chimiques, sonores et visuels, nous assistons à la recherche du partenaire le mieux disposé pour assurer une descendance capable de résister aux risques de l’environnement. Ces signaux instinctifs donnent naissances aux émotions qui deviennent le langage et l’interprète du corps.


©2013 Michel Schauving

Les périodes de reproduction deviennent plus longue et plus fréquentes et la progéniture est de plus en plus suivie et protégée jusqu’à la naissance. L’œuf passe de l’incubation à la gestation, il ne grandit plus hors mais dans le corps de la mère. S’en suit une période de sevrage qui va augmenter au fil du renouvellement des espèces. L’âge de l’autonomie ne cesse d’augmenter provoquant une responsabilité parentale plus longue pour subvenir aux besoins et à la survie de la progéniture. La fonction de reproduction s’habille d’émotions pour favoriser le meilleur géniteur pour espérer obtenir la meilleure descendance et pouvoir ensuite en assurer la survie.
Chez les mammifères, les relations au sein du groupe vont alors évoluer vers une compétition, une rivalité et des affrontements pour être choisi ou choisir son ou sa partenaire.
Ces rivalités pour la survie de l’espèce vont donner naissance à un flot d’émotions relationnelles qui vont s’amplifier et se fondre avec les émotions sensorielles primaires. Par ces émotions, l’acte reproductif devient sexualité. Le système de récompense s’installe, la recherche du plaisir et la démonstration de force comme indicateur du plus méritant à procréer.
Demain n’existe toujours pas mais la notion de temps devient perceptible dans les rituels qui s’installent. Les comportements s’adaptent à chaque situation, au jour le jour afin d’être prêt à affronter ce qui peut arriver.

dinosaure

Dans la troisième strate, nous assistons à une conceptualisation des émotions, du plaisir et des relations sociales. Les croyances qui se développent sont directement issues du positionnement de l’individu au sein du groupe et des moyens qu’il a mis en œuvre pour définir son rôle, sa fonction et son importance vis à vis des autres. L’anticipation et le souvenir s’intègre dans les décisions, et ce faisant, perturbent les émotions primaires en insufflant des émotions attachées à un autre moment que l’instant présent.
Les émotions liées à ces pensées donnent naissances aux jeux psychologiques et vont se fondre aux émotions issues des deux strates précédentes. L’image prend alors l’ascendant sur le fond pour rivaliser avec l’autre. Les frustrations, les souvenirs, les craintes, les attentes, les désirs et les besoins vont influencer notre relation dans des jeux de pouvoirs, de séductions, de dépendances afin d’obtenir les faveurs de l’autre et alimenter sa fonction primaire de vie et de survie.
Quand ces jeux de pouvoirs prennent le dessus sur la fonction initiale qui était la survie de l’espèce, nous entrons dans des schémas complexifiés de nos comportements et avec lesquels nous pouvons nous sentir décalés et mal à l’aise. Des émotions contradictoires se percutent et troublent notre conscience. Les émotions qui s’animent dans ces trois composantes ne sont ni positives, ni négatives par elles-mêmes mais par l’interprétation que nos pensées en font. Les émotions sont des réponses de notre corps à la situation qui se produit dans l’instant.

Aujourd’hui, l’être humain a dépassé ce besoin primaire de survie de l’espèce par la reproduction mais cette compulsion s’active encore et les émotions primitives sont toujours présentes au fond de nous et se confondent avec nos émotions cognitives, relationnelles et sensorielles.
Ces diverses émotions communiquent entre elles, s’affrontent, se contredisent ou s’amplifient et marquent leurs empreintes dans notre corps, dans nos pensées, dans nos croyances et dans notre relation à l’autre.
Dès lors, faire la part des choses dans nos comportements devient compliqué si nous le faisons sans tenir compte de ces trois composantes successives et distinctes de notre personnalité. Ces trois composantes existent en chacun de nous bien que développées à des niveaux différents.
Accorder nos émotions sur ces trois registres, c’est les percevoir, les voir et les gérer non pas par le contrôle, ou par le refoulement inconscient mais par le choix libre et entier de les exprimer ou non. Il ne s’agit plus de gaspiller notre énergie à les combattre, mais de les laisser suivre leurs chemins vers notre conscience pour les évaporer ou les savourer.

Circuits neurobiologiques de la motivation sexuelle chez les mammifères
par Yohan Castel (wikimedia)

Les émotions qui régissent nos comportements ou nos comportements qui provoquent nos émotions sont les deux faces d’un même principe, celui de notre relation à l’autre. Ces échanges relationnels s’appuient donc sur l’énergie de vie et de survie qui nous met en action. La survie de l’espèce comme premier vecteur de celle-ci, a fait émerger tout ce bagage émotionnel dans nos modes de communication, allant bien au delà de cette compulsion première. Par la suite, ces échanges relationnels ont donné naissance aux us et coutûmes du groupe qui forgent le lot de nos croyances sur ce qui est ou n’est pas, sur ce qui peut se faire ou ne peut pas, sur ce que je mérite ou ne mérite pas. Ces us et coutûmes forment le générateur d’émotions cognitives qui est chargé de surveiller nos émotions relationnelles en les cataloguant comme recevables ou non, comme positives ou négatives selon des critères qui ne dépendent pas de la réalité mais de l’image que nous en avons, selon des schémas hérités de notre éducation.

Comme les nuages, les émotions nous montrent ce que nous voulons y voir

Le mythe de Dom Juan

Comme beaucoup de mythe, Dom Juan est inspiré de faits réels publiés dans les chroniques de Séville au 17° siècle. Dom Juan Ténorio avait tué le commandeur et séduit sa fille.

Plusieurs artistes s’en sont inspiré (De Tenorio, Molière, Mozart, Byron, Mérimé, Montherlant,…). Si ce mythe a inspiré tant d’artistes, c’est qu’eux même étaient concernés et se sont identifiés au personnage
Dom Juan séduit la fille du commandeur puis la laisse tomber, il ne consomme pas.
Il n’est jamais rassuré, il cherche la sécurité, il cherche sa mère pour survivre car il n’a pas reçu l’écho qu’il attendait de l’amour parental. Il a peur d’être seul, de ne pas avoir ce regard, celui de la mère d’où son comportement hystérique.
Le cynisme de Dom Juan, cette indifférence est une projection de celui de sa mère à son égard et donc il punit la femme séduite, sa mère, en la quittant, il détruit la sorcière.
La mère Fée le nourrit, le protège tandis que la mère Sorcière le punit, le prive et provoque chez l’enfant le besoin de la détruire, ce qu’il fait dans ses rêves provoquant par la même, son premier sentiment de culpabilité car en punissant la sorcière qui lui a fait du mal, il punit la Fée qui le nourrit.
Dom Juan séduit une femme (la Fée) puis l’abandonne, la rejette (la Sorcière)
Le gouverneur représente l’autorité, la règle, c’est le Surmoi personnifié, et donc le seul rival de Dom Juan, c’est Dieu le père. Le père est à la base de notre identité sexuelle. L’absence du père de Dom Juan a perturbé son Œdipe, ses pulsions vers la mère car en absence de rival, il est contraint de lutter contre l’absolu, l’idéal, Dieu.
Dom Juan est un idéaliste, il aide ses congénères, il n’a pas de rivalité avec ses égaux mais avec l’autorité seulement
Dans l’absolu, Dom Juan est un anarchiste, un révolutionnaire car il lutte contre l’autorité jusqu’à la mort, il cherche la confrontation à la règle.

Les Dom Juan sont essentiellement masculins car l’œdipe est une pulsion que l’homme a eu envers une personne avec qui il était en état de fusion, d’où une image confusionnelle entre pulsion et émotion. La femme ne subit pas cette pulsion là, elle va dans l’élément pulsionnel vers le père et peut se révolter contre la règle si cette pulsion n’est pas assouvie d’où élément de rivalité.

Le travail de Dom Juan est un travail de deuil sur la mère et il doit reconnaître que la Fée et la Sorcière ne sont qu’une seule et même personne, sa mère.

Le comportement hystérique de la femme est plus confusionnel, plus ciblé. La séduction est tournée vers la mère, la pulsion vers le père et donc la femme va chercher à séduire tout ce qui bouge si elle a subi une carence affective à la mère et par rapport à l’élément pulsionnel au père.

La nymphomanie (liée à un Œdipe détourné) survient quand le père laisse venir la pulsion de sa fille puis provoque l’interdit, souvent lorsque la rivale (la mère) est absente d’où obsession de la fille qui va multiplier les expériences et va consommer pour compenser, on voit le message d’insatisfaction vis à vis du père.

Dans le film L’homme qui aimait les femmes, la mère montrait une image féminine et inaccessible à son fils qui à partir de là, allait trop aimer les femmes puisqu’il ne pouvait aimer La mère, cette image idéalisée que Truffaut transposait.
Il existe des pathologies préalables au Dom Juanisme, ce sont les puers, ces adolescents éternels au comportement primaire, enfantin qui vont toujours voir ailleurs si l’herbe est plus verte.

Le comportement hystérique est un comportement qui met en danger l’homme et son environnement et au 19° siècle était attribué aux seules femmes. A l’époque l’homme travaillait à l’extérieur, il était disponible pour assouvir ses pulsions tandis que la femme restait à la maison, ne pouvait pas assouvir ses pulsions et pouvait souffrir de neurasthénie pouvant dégénérer en hystéries !
L’homme peut souffrir d’hystérie par refoulement pulsionnel et dans le cas de Dom Juan, il centre, il focalise son comportement autour de ce problème primal. Son cynisme est un refoulement de ses émotions car ça lui a permis, étant enfant, de s’en sortir face à l’absence d’amour maternel.

Pour surmonter son problème, un Dom Juan doit faire ressortir l’image de la mère pour qu’il en fasse son deuil et doit comprendre que la règle peut être un allié et non une rivale.
Ne jamais dire à un enfant, fait pas ça parce que c’est comme ça mais lui expliquer pourquoi afin d’en faire une qualité et non un défaut.
Il faut dépasser le ressentiment vis à vis des parents, avoir de la compassion, vider notre énergie, et ne pas leur faire de procès car plus on les combat en nous, plus on les renforce. Il ne faut pas confondre compassion et culpabilité, le pardon est une force.

S’il y a colère, il faut l’exprimer mais il ne faut pas y rester, il faut vite en sortir car cela ne sert à rien.

Il faut distinguer nos parents intérieurs correspondant à l’image perçue de nos parents réels car on peut modifier ces parents intérieurs pour les adapter à la réalité que l’on avait habillée de nos peurs et rancœurs.

Nos mages intérieures sont vues par nos yeux d’enfants

 

Les échanges sensitifs

Les échanges pulsionnels sont directement liés au système sensitif, ils découlent des besoins vitaux de survivre et de transmettre cette énergie de vie.

Les échanges non verbaux sont reçus par le corps, par l’ensemble des capteurs dont il dispose. Ces ressentis corporels activent la mémoire sensorielle et nous replongent dans des situations passées soumises aux mêmes ressentis. Nous ressentons les sensations d’alors car cette mémoire est intemporelle. Tout ce que nous vivons actuellement et ce que nous avons vécu dans des expériences analogues précédentes se mélangent, ici, maintenant.

Des situations traumatisantes peuvent laisser des traces fortes sur le corps quand l’énergie déployée n’a pas pu s’exprimer. Ce blocage, ces douleurs se réactivent quand des situations aux ressentis analogues se présentent. Le corps réveille ses vieilles blessures, ces douleurs d’antan que nous percevons, ressentons sans vraiment les comprendre. Elles s’activent et nous font ressentir leurs présences via nos sensations et les émotions qu’elles provoquent. Nous pouvons les sentir et voir ce qui se passe dans nos relations aux autres mais il nous est difficile de faire le lien entre ces différentes facettes, cela nous échappe, nous perturbe parfois.

Cette relation à l’autre est la base vitale de notre construction psychologique. Les échanges sensitifs représentent la première porte d’entrée de cet univers que nous recélons tandis que les échanges émotionnels représentent le flux d’énergie qui circule pour entretenir ce lien de vie, ce besoin relationnel.

C’est le schéma de répétition qui s’active face à cet acte inaccompli du passé, un schéma pour lequel nous voudrions trouver une issue positive.

Un besoin de conclure cet épisode douloureux du passé.

Les échanges interactifs

Pascal nous disait « le cœur a ses raisons que la raison ignore ».

Ceci nous indique déjà comment nos interactions relationnelles sont dissociées de la raison, du système cognitif bien que celui-ci soit présent. Il s’interroge pour comprendre ce qui se passe, ces émotions qui surviennent. Dans les relations d’intimité, d’amitié, le système interactif est mis en avant, nous partageons des ressentis, des émotions.

Nous diffusons une énergie et nous captons celle de l’autre aussi bien dans les échanges non verbaux qu’au travers des mots prononcés. Nous parlons pour ressentir, faire ressentir à l’autre c’est-à-dire pour partager nos émotions, nos désirs, nos ambitions, nos doutes et nos peurs.

Lorsque nous sommes impactés pas ces émotions, nous pouvons les laisser se déverser, les observer, les évacuer car nous entendons le corps qui parle, qui se livre, qui nous informe. Nous pouvons également les rejeter, les nier, les refouler et provoquer l’activation du système cognitif pour qu’il analyse et comprenne ce qui se passe. Il doit agir afin que cela cesse, il doit prendre le contrôle de la situation, le contrôle de nos émotions pour respecter nos croyances sur ce qui doit ou ne doit pas être.

Tant que nous n’acceptons pas les émotions comme un langage, une information et que nous les jugeons au travers de nos croyances, le système cognitif s’activera naturellement pour les contrer, les éviter ou les exacerber, les dramatiser. Contenir ou mettre en scène ses émotions est une protection du système cognitif pour se conformer aux messages contraignants qu’il a intégrés.

Quand le système cognitif ne réussit pas à contrôler ses émotions, le système sensitif va prendre le relais pour assumer le stress qui en découle. Il va, soit fuir pour les étouffer, soit réagir violemment pour les expulser ou bien encore, diminuer toute activité corporelle et cognitive pour les masquer et nier leurs existences.

Les échanges cognitifs

Ces échanges font appel à nos capacités cognitives, c’est-à-dire qu’ils vont activer notre réflexion pour comprendre ou expliquer, apprendre ou retenir, réfléchir ou imaginer, admettre ou contredire.

Il s’agit des échanges qui nécessitent une attention soutenue pour entendre l’information donnée afin de l’analyser, la retenir ou y répondre le cas échéant. Nous pouvons les retrouver dans les milieux professionnels, scolaires, dans les conférences, les débats. Ces échanges sont sous la forme d’interactions verbales, de paroles échangées ou reçues ou bien sous formes d’écrits, de livres, de magazines, de journaux, de rapports mais aussi des présentations multimédias qui mélangent ces différentes sources.

Bien que ces échanges aient vocations à s’adresser à notre système cognitif, une multitude d’informations circulent au travers des 93% d’échanges non verbaux. Cette masse d’informations induites va nous interpeller en dehors de la sphère cognitive. Nous pouvons très bien intellectualiser le discours mais également ressentir des signaux émotionnels qui vont nous faire réagir positivement ou négativement à ce que nous entendons. Nous pouvons accepter le fond du discours mais en même temps sentir une montée émotionnelle contrariante. A l’inverse, nous pouvons refuser la logique du discours mais ressentir que dans le fond, ce qui est dit fait écho en nous et répond à une demande que nous refusons d’admettre. Nous ressentons notre acceptation naturelle mais nous la refoulons parce que nos croyances nous l’imposent.

Nous ressentons donc des émotions alors que le discours était informatif mais le ton reçu, le contenu de l’information, le cadre dans lequel cela se produit et l’attitude du groupe autour de nous vont activer nos mémoires émotionnelles et viscérales.
Le système sensitif peut également nous faire réagir à ses informations. S’il y voit un danger qui peut menacer son intégrité, ses croyances. Partir d’une conférence sous un coup d’éclat parce que tel propos nous met dans une colère qu’il faut fuir ou prendre le risque de répliquer de manière virulente pour l’expulser. Nous assistons alors à des échanges vifs, passionnés, virulents.

Nous pouvons voir comment un même discours peut avoir un impact très différent selon le contexte dans lequel il est prononcé. Cela se joue au niveau de celui qui le prononce, sur sa manière de le dire, de l’ambiance qu’il dégage. C’est aussi par des messages non verbaux qu’il va diffuser selon qu’il se sent à l’aise avec ce qu’il énonce et que son discours est en phase avec ses intentions. Mais cela se joue également au niveau du receveur, sur son état d’esprit. Son attention et son discernement peuvent être contrariés ou influencés par les différents messages non verbaux. Cela éveille des émotions contradictoires entre ce qu’il entend et ce qu’il ressent. Dans ces moments là, nous pouvons avoir l’impression de ne pas être en lien, en accord avec celui qui prononce son discours. Nous pouvons aussi ressentir vibrer en nous, une acceptation viscérale de ce qui perçu au-delà des mots, « il joue sur la corde sensible ». Cette impression est émotionnelle, viscérale mais non cognitive.

Le charisme est donc l’art de faire passer un message au niveau cognitif et de l’appuyer par des messages non verbaux maîtrisés qui emportent l’adhésion émotionnelle et sensorielle de l’auditoire.

Quand notre attention est soutenue et que l’intention du discoureur reste accès sur le fond, le système cognitif reçoit l’information avec très peu de projections émotionnelles. Nous pouvons en conscience, admettre ou refuser ce qui est dit en restant au niveau cognitif. Ce sont des débats efficaces sur le fond mais dépourvus de sensibilité.

Nous voyons comment les échanges cognitifs sont rarement du seul ressort du système cognitif mais font également appel de manière indirecte, aux systèmes interactif et sensitif.

Les échanges relationnels

La communication est l’ensemble des informations que deux individus peuvent échanger par tous les moyens dont ils disposent.

Au delà des mots, des échanges verbaux, dans toute communication nous trouvons aussi un langage para-verbal et non verbal.

Les échanges verbaux, sont les mots que nous choisissons pour exprimer nos idées, nos désirs, nos craintes, etc…
Les échanges para-verbaux, sont influencés par notre couleur émotionnelle qui teinte les mots que nous exprimons, cela se traduit dans le ton de la voix, le volume, l’intonation, etc…
Les échanges non verbaux, se font par toute la gestuelle qui s’exprime malgré nous, la position du corps, sa stabilité mais aussi les expressions du visage, l’orientation du regard, etc…

communication

Nous pouvons identifier plusieurs types d’échanges :

    • Informations, débats, éducatifs, normatifs
    • Amicaux, festifs, ludiques, joyeux, tristes
    • Pulsionnel, intimes, complices, conflictuels
    • Artistiques (Ecrits, Musiques, Peintures, spectacles, …)

Comme nous pouvons le supposer, ces échanges se situent à plusieurs niveaux de ressentis, une implication émotionnelle différente en relation avec les enjeux et leurs impacts estimés ou nourris par nous et sur nous, notre environnement, nos croyances.

Ces différents ressentis, enjeux et impacts sont alimentés par nos trois centres de communication

    • Cognitif    : la logique de la pensée
    • Interactif  : le lien émotionnel
    • Sensitif    : l’activation pulsionnelle

Tout ce qui se joue dans ces échanges se situe bien au-delà des mots et des paroles. Nous ne l’entendons pas mais nous le ressentons émotionnellement et corporellement, cela vibre en nous.

Etre Soi parmi les autres

Notre relation aux autres s’appuie sur notre parcours et des sentiments qui nous sont propres mais comment être soi parmi les autres ?

    • Elle s’appuie sur notre besoin d’appartenance au groupe et des stratégies que nous avons intégrées tout au long de notre éducation.
    • Elle est marquée des sensations d’hier, des manques, frustrations ou satisfactions liés aux désirs et aux besoins exprimés dans l’enfance.
    • Elle dépend des blessures qui ont pu nous marquer dans l’enfance (abandon, rejet, humiliation, dévalorisation, trahison)
    • Elle est teintée de nos expériences heureuses ou malheureuses et des projections que nous en faisons sur ce qui se passe aujourd’hui et des conséquences possibles dans l’avenir plus ou moins proche.
    • Elle répond également à des normes inculquées par nos familles, nos éducateurs, la société qui effacent l’individu au profit du groupe afin d’en assurer la cohésion.

Selon notre positionnement dans la micro-société qui nous a éduqué, nous pouvons avoir des comportements tournées vers l’autre, vers soi ou vers la relation. Nos comportements peuvent être en accord ou en opposition à ce positionnement et aux sentiments qui en découlent. Ils peuvent ne pas répondre à la situation courante mais à une émotion émise d’une situation antérieure qui fait écho aux sentiments actuels.

La sociabilisation nous enseigne l’entraide, la compassion, l’amitié, l’amour, autant de comportements tournés vers l’autre dont nous avons également besoin en retour pour exister en harmonie au sein de ce groupe.
Ces règles que l’on rejette quand on nous les impose, comme à l’adolescence, nous permettent par la suite de nous intégrer en tant que personne dans la société, besoin d’être rassuré, d’être reconnu, d’exister par soi et pour l’autre.

Après la période du “J’ai besoin”, “JE veux” de l’enfant puis le ras le bol, la révolte de l’ado qui veut exister par lui et plus par la famille “je veut être MOI”, l’Adulte passe au stade de trouver sa place parmis les autres, avoir son identité, être reconnu, ETRE, “je suis”.

Parfois, ces étapes sont plus ou moins bien passées et quelquefois, certaines restent infranchissabes. Tout cela provoque les distorsions, les jugements, les comparaisons et l’esprit de revanche que nous pouvons constater dans les relations humaines.

L’égoïsme, le rejet de l’autre, le mépris, la manipulation, la violence peuvent témoigner d’une personne qui cherche à franchir ses étapes inaccomplies, qui réagit à des blessures encore actives.

Bien que cette personne soit responsable de ses actes, de sa façon d’être et de ce qu’elle reçoit en retour, elle n’en est pas pour autant coupable.
Elle subit ses schémas de fonctionnement, ses coyances qui s’activent malgré elle. En ce sens, elle génère ses émotions et ce qui lui arrive.

En avoir conscience, c’est découvrir que cela donne à chacun la possibilité d’agir pour que cela change. Il s’agit de revisiter ses croyances pour enfin voir l’instant présent dépouillé des artifices du passé et de ses projections idéalisées ou anxiogènes.

Il s’agit de développer l’écoute pour aller chercher son identité et permettre de dépasser les blocages, les traumatismes, les actes inaccomplis qui se sont imprimés, comme figés dans le corps. Tous ces blocages, ces croyances qui empêchent d’avancer, d’être soi-même, sont invisibles, enfouis dans l’inconscient et seules quelques bulles remontent à la surface du quotidien, plus ou moins souvent, plus ou moins chargées d’acidité.

Il s’agit de pouvoir ressentir, développer l’observateur conscient de tout ce qui se passe en nous pour revisiter, pacifier et transcender ce qui nous empêche d’être.

Lorsque la vision s’éclaircit, le chemin devient visible …