Le Charme est un état, il est ressenti par l’autre mais pas par soi contrairement à la séduction qui est un comportement à l’autre, une action dirigée vers l’autre, pour soi.
La séduction peut découler d’une pulsion mais n’est pas pulsionnelle. C’est un mode de communication, un comportement à l’autre qui lui dit, j’ai besoin de toi… La séduction s’élabore au travers de notre relation à l’autre et se détermine lors de notre éducation, lors de la constitution de notre “référentiel relationnel”. Elle met en évidence un besoin, elle n’est ni gratuite, ni spontanée.
Toute relation repose sur l’affect, bon ou mauvais, qui utilise ce référentiel pour l’identification et l’interprétation des goûts et valeurs de l’autre selon nos propres valeurs et goûts. Elle se rapporte directement à la demande, il existe toujours une finalité. Nul besoin d’échanges de paroles pour ressentir l’autre, pour capter ce qu’il diffuse par nos cinq sens qui collectent des milliers d’informations. Tout ceci passe au travers du filtre de nos croyances et nous conservons ce que nous voulons entendre, voir, ressentir.
La séduction consiste à capter l’attention de l’autre, la capturer comme l’indique l’origine latine de séduire (seducere) “conduire à l’écart, retirer la vigilance de l’autre”.
Au 12° siècle, séduire signifiait corrompre puis amener à la faute au 16° siècle. La définition du Robert donne : “gagner quelqu’un en le persuadant, en le touchant, en employant tous les moyens de plaire” ce qui implique une notion de volonté de capturer, d’attirer, de détourner l’autre.
La séduction peut s’apparenter à l’envoûtement, un pouvoir utilisé par les sectes, les gourous qui exploitent ceux qui ont des carences affectives, émotionnelles. Ce lien est à rapprocher de la première relation de séduction qui est celle entre l’enfant et sa mère dont il est entièrement dépendant pour survivre.
Au début la séduction est un moyen de survie puis elle s’élabore à la structuration du Moi par identification à notre environnement, aux modèles que l’on capte et que l’on calque autour de nous, c’est une manière de se présenter, de se montrer, c’est un lien avec l’autre.
Si nous avons une mauvaise image de notre Moi, donc de soi, notre pouvoir de séduction est dévalorisé. Nous séduisons en fonction de cette image de soi qui est un ambassadeur du Moi. Dans ce cas, nous pouvons user de notre charme qui se substitue à la séduction.
L’éducation est une dépersonnalisation de l’enfant, qui est un individu, pour l’inclure et préserver l’intégrité de son groupe. Sa famille lui apprend les règles de vie en collectivité. Elle modifie son Moi idéal jusqu’à parfois, une distanciation complète engendrée par le Surmoi, notre ensemble de croyances. « ex : Je le fais toujours ainsi parce que c’est comme ça qu’il faut le faire! »
Si nous sommes conscients de cette dépersonnalisation, nous pouvons dépasser les limites du Surmoi et empêcher l’émergence de frustrations qui limitent l’accès à nos valeurs de base.
Vis à vis de nos parents, nous sommes la moitié de l’un et la moitié de l’autre plus un petit quelque chose qui nous rend unique, qui nous est propre et qui définit notre valeur en tant qu’individu.
La séduction inconsciente c’est la séduction obsessionnelle. Le Moi a peu d’emprise sur elle mais c’est tout de même un comportement actif qui permet de compenser le manque d’affection de la part des parents.
Comme l’ont démontré différents artistes ou écrivains au physique ingrat mais qui sont reconnus comme séducteurs, là où se trouve notre faiblesse, se trouve notre force et c’est là qu’il faut travailler pour construire notre propre pouvoir de séduction.
La provocation est une forme de séduction, c’est un besoin d’être reconnu, d’exister d’une manière ou d’une autre. Il s’agit de se faire remarquer, d’être reconnu. Qui dit problème de reconnaissance dit problème au père, à l’autorité.
L’artiste (peintre, musicien, sculpteur,…) va au delà des règles, il laisse aller ses pulsions. Il refuse la notion de groupe, c’est un individu, en captation avec lui-même et qui possède un Moi plus développé ou plus obsessionnel, il est proche d’un état narcissique.
Les grands créatifs ont toujours été bannis par le groupe, d’instinct conservateur, jusqu’au moment où leurs mouvements créatifs deviennent des classiques, atteignent un statut de normalité. Ils font alors leurs entrées dans le groupe.